Arrivés après "seulement" 1h45 de trajet à El Calafate (l'avion aura pour cette unique fois gagné le combat contre le bus, qui nous promettait quelques 23 heures non-stop de confinement), nous découvrons un étrange concept de ville, exclusivement tournée vers l’unique attraction touristique du coin, en l’occurrence ici le fameux glacier Perito Merino.


Il doit son nom à l’homme qui a permis le dessin des frontières entre Patagonie chilienne et argentine, ne cédant pas de trop grandes portions de territoire au voisin trop gourmand de l’Argentine. Il faisait partie des incontournables de Patagonie que nous ne pouvions définitivement pas louper, nous l’attendions avec impatience et n’avons pas été déçus un seul instant ! 


Pour le voir, nous allons devoir attendre qu’Anastasia nous rejoigne de France le lendemain.


Nous occupons donc notre première journée à El Calafate avec un bon tour du Lago Argentino, accompagnés de canidés plus surprenants les uns que les autres, entre le fidèle compagnon qui nous aura suivi toute la matinée (et ira même jusqu’à nous attendre à la sortie du terminal de transport) et celui, un peu fou qui occupe apparemment 80% de ses journées à aboyer et "mordre" l’eau du lac et le reste du temps sur chaque véhicule ayant le malheur d’emprunter la route principale sans son autorisation (oui, oui "surprenant" était bien un euphémisme).


Nous découvrons en parallèle avec grand plaisir que la bière artisanale est l’une des spécialités de Patagonie et nous nous adonnons ainsi avec grand plaisir (et pas mal d’alcoolisme) à la découvrir avec assiduité. 


Une fois Anastasia sortie saine et sauve de ses 16 heures de périple pour nous retrouver, nous pouvons prévoir d’aller découvrir la raison principale de notre séjour dans cette ville, le fameux glacier. 


Nous voici donc partis dès le lendemain, à l’aube, à l’assaut de cette œuvre magistrale de la nature. Une petite heure de bus plus tard, heure pendant laquelle on nous explique en long, en large, et en travers les différents sentiers (au nombre incroyable de 4) permettant d’observer la bête sous tous les angles, nous commençons à apercevoir l’étendue de glace que nous aurons le loisir de côtoyer pendant toute cette journée.


L’effet est sans appel : dès nos premiers pas sur le sentier qui s’offre à nous, nous sommes époustouflés par l’immensité, la couleur et le bruit de ce glacier de 250 km2.

Nous nous en approchons, entourés de ses autres visiteurs pour la journée, essayant de guetter, à chaque détour que le chemin nous propose, un nouvel angle de vue, un nouveau morceau de glace qui craquerait et se détacherait du monstre.


Rien de très compliqué là-dedans, car la glace craque en permanence, le tout dans un bruit de train lancé à pleine vitesse. Nous ne pouvons pas la manquer et sommes impressionnés par ce spectacle à chaque fois qu’il se présente à nos yeux. 


Nous n’en perdons pas une miette, guettant tout de même de temps en temps la faune qui peuple la colline où nous nous trouvons, et capturons même en une fraction de seconde, une photo incroyable du vol d’un oiseau typique de Patagonie, le Caracara.


Hypnotisés par la blancheur bleutée de ce glacier, nous décidons même, fous que nous sommes, de l’approcher en bateau et de profiter, pendant 1 heure de navigation, d’un tout nouveau point de vue de ce mur glacé, depuis le niveau de la mer. Le contraste entre l’eau turquoise, la glace bleue et le ciel est magnifique et nous ne regrettons pas un seul instant de nous être laissés tenter. 


Une bonne centaine de photos et un peu de bus plus tard, nous voilà de retour à El Calafate, ravis du spectacle auquel nous avons assisté. 

La prochaine étape nous emmène dès le lendemain matin à El Chaltén, à 3h de bus de là. 


Petite ville construite de toute pièce en 1970 pour sa proximité immédiate (enfin, tout est relatif quand on est à pied) avec l’un des plus beau sommet faisant la renommée de la Patagonie : le Fitz Roy. 


N’ayant, pour ce premier jour sur place, qu’une grosse demie-journée devant nous, nous nous attelons à arpenter les petits sentiers partant de la ville vers de plus modestes mais tout aussi belles découvertes, telle que la cascade Chorillo del Salto, située à 5 km de là. À défaut de nous époustoufler, la balade a le mérite de nous mettre en jambes pour la journée du lendemain.


Nous voilà d’ailleurs très vite repartis, chaussures presque toutes neuves aux pieds et sandwichs en poches, à la découverte du mont Fitz Roy 11 km plus loin. Nous l’apercevons au bout de quelques kilomètres seulement, la tête dans les nuages mais entouré de ciel bleu. 


Source d’inspiration pour beaucoup, il a notamment alimenté l’imaginaire du Petit Prince d’Antoine de Saint Exupéry, dont le nom a même été attribué à l’un des sommets de cette couronne de montagnes.


Nous sommes confiants, les premiers 9 km se font sans difficultés particulières. Nous reprenons un peu de carburant en pique- niquant au pied de la fameuse dernière pente permettant, après un kilomètre à 400m de dénivelé positif (entendre "souffrance en perspective") d’atteindre la Laguna de Los Tres, connue pour son bleu électrique contrastant avec les sommets qui l’entourent. 


La montée se fait lentement mais sûrement, entrecoupée de "holà", "hello" et autres "ah mais bonjour !" aux autres marcheurs (et ils sont nombreux) se lançant à l’assaut du mur de cailloux et de boue.


Quelle ne fut pas notre surprise en arrivant en haut, assez fatigués par l'effort (pour certains, qui écriraient cet article, par exemple), de constater que d’eau bleue électrique il n’est pas du tout question ici, ni même d’eau tout court, car l’intégralité de la surface de la lagune est gelée (ça, on était prévenus) mais également recouverte d’une épaisse couche de neige bien opaque... 


Heureusement, on nous avait passé le mot qu’il fallait s’aventurer un peu plus loin en contrebas pour admirer la Laguna voisine, la mal nommée Laguna Sucia (soit "lagune sale") d’un bleu hypnotisant et contrastant avec intensité avec la roche grise et les pics enneigés qui l’escortent. 







Ouf, nous n’avons pas fait tout ça pour rien et nous pouvons repartir pour les 11 km en sens inverse, satisfaits de ce que nous avons eu la chance de voir. Comme tout aller-retour, la deuxième moitié de la randonnée présente moins de surprise et nous rentrons fourbus mais contents d’être de retour après ces 23 km parcourus.


Le lendemain sera l’occasion d’une dernière balade, plus soft cette fois, jusqu’à un mirador permettant d’apercevoir le mont Solo et son glacier, à une dizaine de kilomètres de là également. 


Nous voilà fin prêts pour la suite de notre aventure patagonienne, après les 3 puis 5 heures de bus qui nous attendent pour rejoindre le prochain terrain de jeu de seulement 2/3 du groupe, à savoir Puerto Natales et son fameux trek de Torres del Paine.