Et nous y voilà !


L'Argentine et sa fameuse Patagonie, terrain de jeux de nos 3 prochaines semaines de voyage.


Au programme, des lacs par dizaines, des montagnes par centaines, des glaciers, des steppes infinies, sûrement pas mal de vent, un peu de pluie voire de neige, on espère évidemment un paquet de lamas, des oiseaux par milliers, peut-être même quelques condors, et au moins un ou deux pingouins, si on a de la chance !


Mais avant de nous lancer dans la folie froide des grandes attractions du Sud de la Patagonie, où Perito Moreno, Fitz Roy, Torres Del Paine et Terre de Feu nous attendent, nous commençons notre découverte de la région par la ville de Bariloche, surnommée la Suisse des Andes, et sa célèbre région des lacs.


Située à l'extrême Nord de la Patagonie, cette jolie "petite" ville de 100.000 habitants étend ses milliers de chalets en bois le long de l'immense lac Nahuel Huapi. Derrière elle, à quelques kilomètres et minutes à peine, les sommets encore enneigés en ce début de printemps permettent aux derniers skieurs de la saison de pouvoir profiter des rares pistes encore ouvertes.


Outre les nombreuses randonnées qui sillonnent les alentours du lac, et le réseau de pistes de ski qui attire de nombreux touristes et des bus entiers de "colos", la ville est aussi réputée pour ses chocolateries, que l'on trouve en très grand nombre sur l'artère principale de la ville.


Chocolats, lacs, ski... On est bien en Suisse !


Et dans un pays en crise profonde depuis plusieurs années maintenant, avec une inflation record qui ne cesse jour après jour d'augmenter, dévaluant un peu plus sa monnaie à chaque nouvelle heure qui passe, ici, comme en Suisse, rien ne change, le prix de la vie reste très élevé pour la population locale, car les prix sont augmentés tous les jours pour suivre le taux de change. Mais pour les touristes qui continuent d'affluer, les prix restent corrects pour ne pas dire intéressants, surtout pour celles et ceux qui viennent de passer la frontière depuis le Chili voisin, où ils auront dû vendre des parties de leurs corps pour pouvoir se payer de quoi manger (je rigole, on est toujours entiers, promis !).


Mais la crise, qui dure ici depuis si longtemps et atteint un pic démesuré, a quand même un impact sur tous les commerces, qui parfois survivent péniblement, et d'autres fois essayent de trouver des astuces pour compenser le manque à gagner, quitte à faire cela au détriment des touristes et dans l'illégalité la plus totale, comme cette première auberge que nous visitons, et qui refuse de nous appliquer l'exonération de TVA à laquelle nous avons droit sous prétexte qu'il nous manquerait "un document spécial qu'on aurait dû demander à la frontière"... frontière que nous venons à peine de passer et à laquelle rien ne nous a bien sûr été remis, si ce n'est notre passeport tamponné.


Mais malgré ces quelques désagréments, le coût de la vie reste très acceptable pour nous ici, et les pintes de bières artisanales à moins de 2€ des nombreuses micro-brasseries de la ville nous feront vite oublier tout le reste :)


Tout, presque, mais pas l'immense déception que nous endurons lorsque nous apprenons, le jour précédant son départ de New York, que notre cher ami trekkeur Tim, qui devait bientôt nous rejoindre dans notre aventure, s'est fait voler son sac... avec son passeport à l'intérieur !


Tout irait bien s'il vivait ailleurs qu'aux États-Unis, mais là-bas, perdre son passeport signifie perdre son visa et ce précieux Graal, que l'on met parfois des mois à obtenir, est indispensable si on veut pouvoir quitter le territoire, et surtout, y revenir... Les rendez-vous à l'ambassade et chez l'avocat ne changeront rien au verdict, qui est sans appel : il est bloqué pendant les deux prochains mois à New York, le temps de refaire toutes les procédures nécessaires à l'obtention d'un nouveau visa... Pas de vacances donc, et pas de Patagonie pour lui :(


La tristesse est immense pour lui, pour nous, et pour Anastasia aussi, la sœur de Nico, qui fait aussi partie du projet "Patagonia 2019", et qui heureusement, elle, pourra toujours nous rejoindre pour deux semaines.


Pour nous consoler et en hommage à l'amour de Tim pour la randonnée, nous partons à la découverte des environs de Bariloche pendant la semaine que nous y passons. Notre première excursion nous emmène aux pieds du Cerro Otto, que 99% des gens montent en téléphérique, mais que seuls quelques irascibles français (à savoir 2 seulement, nous) tentent de gravir à pieds. 600m de dénivelé en moins de 3km, ça ressemble à un mur de loin, mais de près aussi en fait. Sachant que le sentier, à peine tracé par les pieds de quelques fous, ne fait aucun des zigzags caractéristiques des chemins de montagnes classiques, et suit les poteaux du téléphérique dans une rectitude radicale, l'expérience relève plus de l'exploit que de la "petite randonnée digestive". Notre fierté est bien trop grande pour renoncer lorsque nous attaquons les pourcentages les plus élevés et moins d'une heure et demi plus tard, nous atteignons le sommet, au prix d'une dernière grimpette de quelques mètres à 4 pattes.


Le personnel du téléphérique ne cache pas son étonnement lorsque nous débarquons à l'improviste par les accès condamnés du mirador, mais ne font preuve d'aucune clémence quand nous leur demandons gentiment si on peut redescendre par le téléphérique plutôt que sur les fesses dans cette descente périlleuse : c'est d'abord une hésitation, comme si personne n'avait jamais fait ça avant, puis finalement une autorisation si nous payons le prix fort, à savoir celui du billet complet comprenant aussi la montée que nous ne ferons jamais. Nous optons tout de même pour cette option tant la pensée même d'affronter cette pente en descente nous déplaît. La vue depuis le mirador nous offre un 360 degrés magnifique sur les nombreux lacs environnants et sur les montagnes qui y plongent. Le vent, soufflant en rafales discontinues, nous empêchera pourtant d'en profiter trop longtemps.


La vue de cet ensemble naturel incroyable nous ouvre l'appétit pour plus de balades et nous partons visiter tour à tour le parc national Llao Llao (à prononcer ciao-ciao, en hommage a un gros champignon local que nous ne croiserons jamais), où un grand nombre de petits sentiers permettent d'arpenter une belle forêt en bordures de plusieurs lacs, et la station de ski Catedral située à seulement quelques kilomètres, et dont nous redescendons sans le savoir jusqu'à la ville par une piste de VTT de plusieurs kilomètres, heureusement assez vide ce jour-là.


Mais l'attraction principale de la région est la célèbre "route des 7 lacs", longue de presque 200 km, et qui relie Bariloche à San Martin Des Andes, jolie petite station de ski située au Nord de la bien-nommée région des lacs. C'est pour nous l'occasion de louer notre première voiture sur le continent sud-américain, et d'enfin utiliser le précieux Permis International de Clara que nous avons mis plusieurs mois à recevoir à Paris. Mais la déception est à la hauteur de cette attente lorsque l'agence de location ne daigne même pas regarder ce permis au format si disgracieux, qui ne rentre dans aucune forme de pochette, et se contente de prendre les informations sur son permis français.


Nous profitons du calme dominical pour faire l'aller-retour sur la journée et nous arrêter à "presque" tous les miradors qui se comptent en dizaines le long de la route, et offrent à chaque fois de superbes points de vue sur ces nombreux lacs (il y en a clairement plus que 7, on nous a menti). Mais près de 10h de route pour 400km pour une seule personne (Nico clamant haut et fort qu'il pourrait très bien conduire même sans avoir le permis, nous ne vérifierons jamais ses dires), c'est beaucoup et la fatigue se fait fortement sentir lorsque nous rentrons sur Bariloche le soir.


Un peu de repos plus tard, nous sommes proches du départ pour rejoindre le coeur de la Patagonie où Anastasia nous rejoint bientôt, mais avant cela, nous profitons d'une des dernières après-midi ensoleillées pour aller visiter une petite bourgade voisine, qui répond au doux nom de Colonia Suiza, et dont le principal, pour ne pas dire unique intérêt, hormis ses 4 maisons de bois, est son marché local, où les produits artisanaux côtoient les stands de nourriture.


L'opportunité pour nous de tester le plat local, le curanto, sorte de barbecue "étouffé" puisque sa préparation consiste à allumer un grand feu, attendre que les braises soient bien rouges pour y déposer de la viande en grande quantité, des patates, des carottes et des pommes, et tout recouvrir de terre pour laisser le tout cuire pendant presque 2 heures. La préparation est intéressante à regarder, la cuisson un peu longue à attendre, et la dégustation finalement mitigée, certains appréciant beaucoup ce goût de fumé qui imprègne tous les aliments, d'autres regrettant justement son omniprésence dans chaque bouchée.

















C'est sur cette note fumée que nous quittons Bariloche au terme d'une grosse semaine entrecoupée de pintes artisanales à bas coût, et que nous nous envolons (seulement pour la deuxième fois, empreinte carbone si tu nous entends, pardonne-nous), pour le coeur montagneux de la Patagonie !


Affaire à suivre !