Huaraz.


Un nom qui sonne bien péruvien, pour une ville pourtant sans charme particulier. Une place principale "des Armas" comme dans toutes les autres villes péruviennes, un paquet de petites rues sans grand intérêt qui en partent, 5 pharmacies au mètre carré, et du klaxon, du klaxon, du klaxon, du soir au matin, et du matin au soir.


Mais si la plupart de ces rues grouillent pourtant de vie et d'un paquet d'étrangers presque tous habillés en Quechua, c'est parce que cette fameuse petite ville se trouve à un endroit particulier. À 3200m d'altitude, Huaraz est entourée de toute part par la Cordillère des Andes. Idéalement située entre la Cordillera Negra à l'Ouest et la Cordillera Blanca à l'Est, elle offre à ses visiteurs des centaines de possibilités de randonnées, d'excursions, d'activités et de trek dans une partie pourtant assez réduite des 7000km qui composent la plus grande chaîne de montagnes du monde.


Seulement longue de 180km, mais avec 35 sommets à plus de 6000m, 260 lagunes à plus de 4000m, et quelques 700 glaciers, la Cordillère Blanche offre à elle seule tout ce qu'un passionné de montagnes peut y chercher.

Mais un tel décor se mérite (ou se paye plutôt, selon l'avis de certains témoins interrogés). Car à une telle altitude, le simple fait de ramasser le savon dans la douche peut vous mettre en danger de mort (... bon, oui, d'accord, y'a peut-être au moins un autre endroit où c'est risqué de le faire). Ici au moins, votre ennemi a un visage, et c'est le manque d'oxygène. Pour savoir si son corps y réagit plutôt bien, une seule manière de le savoir : s'y confronter et essayer de s'y habituer.


Arrivés en soirée à Huaraz après 9h de bus de jour interminables, nous peinons à rallier notre hôtel du soir, situé à une quinzaine de minutes du centre selon la police, mais au moins à 30 minutes selon les backpackers essouflés. Chaque pas est un effort 3 fois plus intense et chaque lamentation une perte désastreuse d'énergie (enfin on imagine, parce qu'on n'est clairement pas du genre à se plaindre nous ! Hein, quoi ? Ah oui, c'est vrai qu'on est français quand même...).


Du coup, notre première soirée au dessus de 3000m se résumera à se trouver un bon dîner, boire beaucoup d'eau, et aller nous écraser dans nos lits pour la nuit.


Le lendemain, c'est sans grande surprise une petite migraine par-ci, et un petit essouflement par là. Rien de trop embêtant, mais le signal nécessaire pour décider d'y aller en douceur. La tête pleine de rêves de grandeur, mais bien conseillés par l'agence que nous allons voir, nous décidons d'attendre le lendemain pour viser nos premiers records, et nous nous embarquons pour une petite demi-journée de randonnée vers une lagune environnante, la Laguna Wilcacocha. 3,5km de marche seulement, mais 500m de dénivelé au programme, pour atteindre les 3750m. Premier émerveillement au moment de reprendre son souffle après 1h30 de montée ininterrompue : située à l'extrémité Est de la Cordillère Noire, la lagune nous offre un panorama fabuleux sur plusieurs dizaines de sommets enneigés de la Cordillère Blanche. Idéal pour observer le terrain de jeu de nos prochains jours !


1h de descente plus tard, un petit mal de tête nous gagne en rentrant en ville et nous nous mettons en quête du remède local recommandé unanimement : la coca ! Pas la petite poudre blanche qui rend si efficaces les traders new-yorkais, et si surexcités les clubbers, mais simplement les feuilles qui permettent en partie de la produire. Pas autant d'effets au programme, mais une promesse d'adaptation plus rapide à l'altitude si on les prend en infusion ou si on les machouille de temps en temps quand on grimpe.


C'est armés d'un paquet gros comme le poing que nous partons le lendemain matin en direction du Glacier Pastoruri. Et cette fois-ci, il est l'heure de péter du record ! Il va falloir monter à plus de 5100m pour aller saluer ce géant de glace. Mais heureusement pour nos petits corps, aujourd'hui, ça sera pour 95% en bus !


95% ? Et pourquoi pas 100% du coup ? Il y a une trentaine d'années environ, le bus vous amenait directement à un parking situé au pied du glacier. Mais aujourd'hui, en descendant du bus qui se gare toujours sur le même parking, plus de glacier à l'horizon. Il faut désormais marcher près de 2km de plus pour pouvoir aller le contempler. Ce qui ne représente finalement qu'une petite demi-heure de marche pour nous, est en fait une perte d'environ 50% de sa masse totale. Un rythme de fonte qui fait dire à beaucoup ici que le glacier pourrair avoir totalement disparu dans moins de 20 ans. Triste sort pour celui qui était encore il y a peu l'un des plus grands glaciers tropicaux du monde. Une raison de plus pour venir le saluer et profiter d'un spectacle unique pour nous. Même réduit de moitié, ce monstre de glace aux dimensions gigantesques nous laisse sans voix, et sans chaleur par la même occasion.


L'autre découverte de la journée s'appelle la Paya Raimondii. Une plante typique de la Cordillère des Andes, aux statistiques assez folles : d'une durée de vie de 100 ans, elle peut grimper jusqu'à 12m, mais ne fleurit qu'une seule fois : pendant les 3 derniers mois de sa vie, après 99 ans et 9 mois de chill, certainement le temps nécessaire pour développer assez d'énergie pour faire fleurir en même temps prêt de 20000 fleurs. Wow. Et comme si ça ne suffisait pas, une fois en fleurs, elle attire .... des jolis petits colibris ! Et ben voyons !


Apparemment très chanceux d'après notre guide, nous avons l'opportunité d'aller en voir une en pleine floraison, la seule parmis les 30000 (?) situés a quelques kilomètres autour du glacier (personne n'a encore vérifié cette information, mais sur les 20 qu'on a vu, c'était vrai).


3h de bus plus tard, c'est le retour à Huaraz, pour nous préparer à l'aventure qui nous attend ces 4 prochains jours : le trek de Santa Cruz !


To be continued...