3 jours après notre arrivée à Huaraz, bien acclimatés à l'altitude grâce à nos excursions à 3700m puis 5000m, et bien aidés par la coca, il est temps d'attaquer le vif du sujet et de se lancer dans un trek de plusieurs jours à l'assaut des montagnes de la Cordillère Blanche !


Plusieurs options sont possibles ici, avec des treks entre 3 et 12 jours (oui, oui), mais nous avons entendu parler du trek de Santa Cruz, nom tiré de la vallée dans laquelle la majeur partie de la randonnée se fait, et qui offre en 4 jours un aperçu apparemment très complet et magnifique des richesses de cette chaîne de montagnes.


Nous sommes tous les deux très excités par la perspective d'aller passer plusieurs jours de marche et de camping dans ce décor incroyable que nous avons pu observer à distance jusqu'à présent, et qu'il est temps désormais d'aller découvrir !


Et il vaut mieux être motivé, car le départ du 1er jour se fait à 5h du matin, les sacs prêts, le petit déjeuner avalé, et le bide bien vidé pour certains (pas de chance, vraiment pas de chance, mais la première tourista de Nico en Amérique du Sud se déclenchera dans la nuit, qui devait déjà être courte, et sera finalement plutôt une grande journée sans fin pour lui...). Pas le temps d'hésiter, ou de décaler le départ, le van qui passe nous récupérer à l'hôtel nous emmène directement au village départ du trek, à plus de 4h de Huaraz, à environ 3500m d'altitude. Le trajet nous offre déjà un beau spectacle, entre lagune bleu turquoise, glacier dans les nuages, col à 4800m, et vallée qui s'étend à perte de vue !


Nous entamons nos 4 jours de marche par une petite étape, longue d'une dizaine de kms, mais peu vallonnée (+250m de dénivelé positif). Malheureusement le temps, déjà couvert à notre départ vers 11h, se gâte et la pluie nous accompagne pendant près de 2h, malgré une tentative infructueuse de la laisser passer, abrités dans la cabane du seul garde du parc que nous croiserons. Mais il en faudra plus pour nous démotiver et entamer notre bonne humeur !


Cette petite introduction aux jours suivants, où plus de marche et de dénivelé nous attendent, nous permet de faire connaissance avec nos compagnons d'aventure. Nous sommes un groupe de 8 trekkeurs, encadrés par un guide, Ronald, aka Chinchu, qui marche avec nous, pendant qu'une cuisinière et un ariejo (nom donné aux muliers ici) se chargent d'accompagner les 4 mules qui transportent tout le matos de camp en camp, et de tout préparer avant notre arrivée en fin de journée.


Un travail de l'ombre indispensable, toujours réalisé dans une bonne humeur incroyable, partagé entre bêtes et hommes pendant 4 jours. De quoi nous faire nous poser pas mal de questions sur notre rapport au travail, et au bonheur que nous peinons parfois à y trouver. Parmi les 8 trekkeurs fous, nous rencontrons un couple de français, Liza et Nicolas (et oui, encore un), Adam, un américain expatrié à Lima qui voyage pendant 2 semaines avec son "amie" Adrienne, et 2 brésiliennes, Paola et Jaqueline (oui, oui, c'est possible). Le tout formant une joyeuse bande, très rapidement soudée, et prête à toute péripétie.


Pour notre première soirée, nous campons à 3800m, dans une vallée un peu étriquée entre deux grandes montagnes, que le soleil daigne finalement baigner peu de temps avant de disparaître, éloignant les mauvais souvenirs de pluie de l'après-midi. Juste le temps d'une petite partie de cartes, d'un copieux dîner (soupe, riz, poulet), le tout arrosé de maté de coca, et nous ressortons de notre tente "salle à manger" pour aller nous refugier dans nos tentes et nous enfouir dans nos sacs de couchage pour lutter contre le froid glaçant qui tombe à une vitesse folle. Sur le chemin, nous levons une minute les yeux au ciel, et restons bouché bée devant le spectacle incroyable offert par la voie lactée, des milliards d'étoiles et de galaxies que la nuit en montagne nous permet d'admirer, loin de toute lumière artificielle. Mais il fait quand même -6000 degrés, et nous disparaissons tous dans nos tentes en quelques minutes seulement.


Coucher 20h, mais lever 6h ! Lever d'ailleurs un peu rude pour certains, la nuit a été froide pour Clara malgré son sac de couchage Décathlon (!), et beaucoup plus reposante pour Nico qui, après plus de 30h sans dormir, aurait pu dormir n'importe où et n'importe comment.


Un bon petit-déjeuner plus tard, notre joyeuse troupe se met en route pour la plus grosse journée du trek en termes de dénivelé. Au programme, 1000m de dénivelé positif pour passer un col à 4800m et un peu plus de 5000m de redescente vers le lieu du prochain camp.


Tout au long de la journée, cette fois-ci sèche et ensoleillée, un paysage fascinant défile devant nos yeux émerveillés. Lagunes miroir qui reflètent les neiges éternelles des sommets de plus de 6000m qui nous entourent, sol rocailleux et falaises majestueuses, balais incessant des nuages qui couvrent et découvrent à tour de rôle les plus haut pics. Malgré l'effort lié à l'ascension, nous ne cessons tous d'être impressionnés par ce que nous offre la Cordillère.


Un peu plus de 4h de marche pour atteindre le col, qui nous offre une vue imprenable sur la totalité de la vallée de Santa Cruz qui étend ses kilomètres devant nous, puis environ 3h de descente pour nous engouffrer dans cette merveille naturelle dominée par des sommets aux noms quechua impossibles à retenir, à part le célèbre Paramount, qui aura inspiré la célèbre boîte de production hollywoodienne.


Nous arrivons tous bien fatigués au camp en fin d'après-midi, mais ravis de notre journée de randonnée. Une nuit encore un peu plus fraîche à plus de 4200m, mais cette fois, les deux duvets superposés auront raison du froid !


Le lendemain matin, après une courte négociation avec notre guide, qui s'avère très conciliant et sympathique derrière son "corazon de piedra" (comme il le dit lui-même), nous ajoutons une ascension à une lagune à notre programme assez court et "facile". Ça y est, plus rien ne nous arrête ! Sage décision car si nous passons la matinée entière à y faire l'aller-retour, la carte postale qu'elle nous offre vaut le détour. Un fin glacier qui tombe d'un sommet perdu dans les nuages pour former une lagune bleu électrique ou flottent quelques petits "icebergs". Une merveille.


Une dizaine de kilomètres de descente dans la vallée, alternant entre désert de sable blanc, marécages, lagunes, torrents rapides, où nous croisons quelques vaches, certaines vivantes, d'autres moins chanceuses, futurs menus des rapaces du coin, et nous voilà au dernier camp, de retour sous les 4000m.


La dernière journée nous ramène en quelques heures seulement dans le village arrivée du trek où nous avons la chance de profiter de bains thermaux "naturels" à 40°C, idéaux après 4 jours sans avoir l'opportunité de se doucher !


4h de bus plus tard, nous voila de retour à Huaraz, pour une vraie bonne douche cette fois-ci, et une soirée bien méritée avec nos camarades d'aventure et notre guide, qui s'avérera être aussi endurant la nuit que sur les chemins escarpés de la Cordillère !