Il est l'heure de quitter le confort de notre charmant petit appartement à La Paz pour descendre un peu plus au Sud, le long de la route qui nous mènera dans quelques jours au salar d'Uyuni (on a hâte !).


Sur le chemin, deux villes ont retenu notre attention : Potosi et Sucre, toutes les deux classées au patrimoine mondial de l'UNESCO. Deux petites villes au passé colonial, qui en ont gardé une empreinte indélébile au sein de leur centre historique respectif.


Pour atteindre la première d'entre elle, Potosi, nous nous lançons dans une aventure que nous connaissons bien depuis 2 mois maintenant, mais que nous n'avons pas encore essayée en Bolivie : le bus de nuit.


Après des expériences compliquées dans le domaine en Colombie mais une amélioration assez nette du confort au Pérou, nous craignons le pire en Bolivie, réputée pour la vétusté de son réseau et les risques élevés encourus (vol de bagages à ses pieds durant la nuit, stops dans des endroits improbables, alcoolémie prononcée des chauffeurs au volant, ...). Une expérience riche et complète en somme !

Finalement, et pour notre plus grand plaisir, nous n'expérimenterons pas toutes ces péripéties pendant notre trajet, et nous nous contenterons de 3 ou 4 arrêts plus ou moins longs en début de trajet, dont les raisons nous resterons inconnues, et visiblement anormales, car agrémentées de "VAMOOOOS" et de coups de pieds sur le sol assez vindicatifs de la part des passagers locaux. Malgré ces longues pauses, un départ retardé (la base), et aucune indication de la part de la compagnie pour nous inviter à monter dans le bus, qui est presque parti sous nos nez, nous arrivons à Potosi plus d'une demi-heure avant l'horaire prévu... Miracle de l'horlogerie ou risques inconsidérés des chauffeurs au volant ? Nous n'en saurons rien, trop occupés que nous étions à essayer péniblement et presque veinement de dormir.


Nous arrivons quelque peu éreintés à Potosi, mais si tôt que nous avons le temps de faire une petite sieste dans notre hostel avant de sortir découvrir la ville en fin de matinée. Le centre historique, tout petit, est très charmant et grouillant de vie. Quelques églises, un couvent, et des dizaines de bâtiments au style colonial entourent un marché couvert bordélique qui n'arrivera même pas à nous convaincre d'y déjeuner (et ça, c'est très très rare !).


Le décor principal de Potosi est son Cerro Rico (aka Montagne Riche), qui a fait sa richesse et sa notoriété aux premières heures de la colonisation espagnole. Considéré au 16ème siècle comme l'un des plus grands gisements d'argent au monde, son exploitation a rendu la ville si attractive et riche qu'elle a réussi a attirer une population plus importante que celle de Londres ou de Paris à l'époque ! Un passé bien révolu cependant car même si la montagne continue d'être creusée inlassablement par des mineurs risquant leurs vies quotidiennement, ils ne sont plus que quelques centaines, à chercher zinc et cuivre, les sources d'argent ayant taries depuis bien longtemps. Certains chiffres non officiels parlent de plus de 8 millions de morts en 500 ans d'exploitation, une statistique assez impressionnante mais toute fois crédible vu l'absence totale de sécurité toujours actuelle.


Nous refusons l'idée même de faire une visite groupée des mines, principale attraction touristique de la ville, plus par respect pour tous les hommes qui y travaillent et y meurent encore aujourd'hui, que par simple peur logique de faire partie de ces nouvelles statistiques.


Que faire alors dans cette ville aux attractions limitées ?


Hasard de la vie ou simple complication banale de touriste, notre agenda du jour se remplit aussi rapidement que Clara ne se vide, frappée de plein fouet par une intense mais malheureusement classique tourista, qui la laissera restera clouée au lit pendant 24 heures, alimentée avec dévotion, riz et compotes gélatineuses par son fidèle serviteur.


Et 2 partout ! Balle au centre en attendant la prochaine !


Le surlendemain, les batteries sont un peu rechargées et nous en profitons pour sauter dans un bus qui nous emmène en quelques heures seulement à Sucre, bien plus grande et prometteuse que Potosi.


D'abord planifiée sur 2 nuits, notre étape sera finalement prolongée de 3 nuits supplémentaires, la ville nous offrant à la fois le calme et le repos dont nous avions envie, et un lot d'activités assez conséquent.


Le premier argument qui nous convint dès notre arrivée est l'hostel dans lequel nous séjournons. Installés à l'étage d'une grande bâtisse coloniale dont nous empruntons le magnifique patio pour y accéder, nous disposons d'une immense chambre, qui malgré sa taille incroyable est presque complètement occupée par un lit aux dimensions encore à cet instant inconnues, puisqu'en 5 jours nous n'avons pas réussi à en atteindre les bords ! Du jamais vu, le tout à un prix dérisoire, et avec en prime un hôte français éminemment sympathique, riche en conseils sur la ville, et maître de Maya, une jeune chienne joueuse et fougueuse qui saura nous occuper juste par sa présence pendant de nombreuses minutes (bon ok, de nombreuses heures...).


Nous arrivons quand même à quitter l'hostel quelques fois (qui l'aurait cru !) pour aller nous balader dans les magnifiques rues du centre historique, entièrement rebâties à l'époque coloniale, et composées d'impressionnantes maisons coloniales dont les immenses portes révèlent parfois des cours intérieures pleines de charme. Au programme de nos visites, la Casa de la Libertad, où l'indépendance et la République de Bolivie ont été proclamées sous l'impulsion du "Liberator" international Simon Bolivar. Un lieu hautement historique donc, et un très bel édifice mais des explications finalement assez lacunaires (pour ceux qui ne comprennent pas le flow ultra-rapide de la guide locale). Sucre a une importance particulière due à cette histoire, et reste toujours la capitale constitutionnelle de Bolivie, tandis que La Paz en est la capitale officielle.


Sucre se situant à "seulement" 2800m d'altitude, nous grimpons jusqu'au mirador de la Recoleta qui surplombe la ville avec une facilité presque irrespectueuse, endurcis par nos dernières semaines passées entre 3500m et 4000m.


Par respect pour nos réputations d'aventuriers globe-trotteurs, nous ne raconterons pas ici le détail de notre petite randonnée infructueuse à la recherche des Siete Cascadas (les 7 cascades) qui nous vaudra un aller-retour inutile en collective (petit bus local) en périphérie de la ville. Il paraît qu'elles existent, mais on ne pourra pas en attester !


Ce dont nous pouvons parler en connaissance de cause par contre, c'est de la "falaise aux dinosaures", située à quelques minutes du centre, et qui recense le plus grand nombre d'empreintes au monde, soit plus de 12.000 ! Étonnamment présentées sur un plan incliné à une soixantaine de degrés, qui pourrait laisser penser que les dinosaures grimpaient aux murs comme des mouches, mais qui s'avère "simplement" être l'impact de la tectonique des plaques sur des sols vieux de plusieurs millions d'années. Sucre était à cette époque sur les bords d'un lac immense où les dinosaures venaient s'abreuver. Un sol meuble donc, dans lequel leurs pattes ont laissé des traces très profondes, recouvertes par de nouvelles couches de terre au fur et à mesure des siècles, elles-mêmes formant un terrain propice pour de nouvelles empreintes, et ainsi de suite. Ce sont donc des strates entières qui contiennent ces milliers de traces, et certainement d'autres milliers encore recouvertes.


La particularité tragique de ce lieu, mais qui a aussi permit sa découverte, est la présence de la plus grande cimenterie du pays, détenue par l'un des hommes les plus puissants de Bolivie, candidat à la prochaine élection présidentielle. L'exploitation du sol de la colline qui contient ces empreintes a commencé il y a plus de 50 ans, et s'est arrêté soudainement lorsque du magnésium a été trouvé en grande quantité dans la roche, car inadapté à la création du ciment. C'est par hasard qu'un groupe de scientifiques passant sur la route voisine ont alors aperçu sur les flancs de la roche taillée des traces étranges...


20 ans plus tard, le site est devenu un site d'études incroyable pour les paléontologues du monde entier, une attraction touristique visitée quotidiennement par des centaines de personnes, mais malheureusement aussi toujours le terrain de jeux de dizaines de bulldozers, de camions, de tracteurs qui continuent d'exploiter à grands coups de dynamite les sols environnants, fragilisant chaque jour un peu plus ces vestiges d'un temps immémorial. La compagnie a refusé de délocaliser son usine malgré la promesse de l'UNESCO de classer le site si elle le faisait, l'intérêt économique de l'exploitation du sol étant sûrement plus important que le patrimoine mondial que ce site constitue... Encore un bel exemple du pouvoir qu'a l'argent sur les décisions dans cette partie du monde aussi.
















Notre séjour à Sucre s'achève par la visite de son cimetière principal, très différent de ceux que l'on peut voir chez nous, car composé principalement de constructions longues de plusieurs centaines de mètres ressemblant à des étagères abritant des "niches" profondes de quelques centimètres dans lesquelles sont déposés des objets très variés ayant appartenu au défunt, du jouet d'enfant à la photo en passant par la bouteille de coca (!) ou le paquet de cigarettes.


Après ces 6 jours très agréables et reposants que nous avons particulièrement aimés, il est temps de rejoindre Uyuni, située à quelques centaines de kilomètres, pour se lancer dans la découverte de son salar mondialement connu, et de ses alentours aux paysages incroyables.