Notre "courte" traversée de la Bolivie est déjà sur le point de s'achever, à peine 2 semaines après avoir commencé, mais nous réserve un final "de qualité supérieure" que nous attendons avec une immense impatience : Uyuni, et son Salar, plus grand désert de sel du monde.


Avant de quitter définitivement le pays d'Evo Morales, probablement président à vie, puisqu'il a récemment changé la constitution pour pouvoir cumuler les mandats sans limites, nous allons passer 4 jours à voyager à travers l'espace et les mondes "surnaturels" des environs d'Uyuni et de la province du Sud Lipez, frontalière avec le Chili et l'Argentine.


Après un bus de jour de plus de 8 heures depuis Sucre, nous arrivons enfin à Uyuni, heureux de pouvoir nous dégourdir les jambes et de retrouver nos compagnons de voyage déjà croisés en Colombie et au Pérou, j'ai nommé Jeanne et Amaury !


La joie de nos retrouvailles n'aura d'égal que le plaisir de nous faire une bonne session crêpes tout ensemble au diner (ah ces français...), et de nous relancer dans nos interminables parties de Yam's qui auront fait notre réputation sur ce continent.


Mais les festivités ne sont que de courte durée, car nous partons tous ensemble dès le lendemain matin pour 4 jours de jeep (certains appellent ça un trek mais bon, c'est quand même la voiture qui fait 95% du boulot).


Au programme, plusieurs centaines de kilomètres de paysages magnifiques jusqu'à arriver à la frontière chilienne que nous passerons le midi du dernier jour, pour attaquer la découverte du 4ème pays de notre incroyable voyage sud-américain.


Nous partageons la voiture avec deux belges, Gerleene et Tom, un mammouth en peluche et un dinosaure en plastique (vous comprendrez plus tard pourquoi... suspense !).





Tout commence par la visite du célèbre "cimetière de trains" d'Uyuni, situé à quelques encablures à peine de la ville. Le long de vieilles voies désormais inutilisées, fuyant dans une rectitude parfaite vers l'infini de l'horizon, des dizaines de carcasses rouillées, au tétanos prometteur, posent sur une poussière jaune dans un décor de western.


Forts de nos 700 vaccins injectés avant le départ, nous affrontons sans peur ces monstres de fer et grimpons sur certains d'entre eux pour faire des photos, comme les 6000 autres personnes présentes ce matin-là. Bon j'exagère surement un peu les chiffres mais jusqu'à présent, la police ne les a pas démentis ! Un premier stop assez original mais qui ne nous transcende pas vraiment, tout impatients que nous sommes d'arriver dans le cœur du Salar.


Mais notre soif d'immensité devra encore attendre un peu car malgré quelques nouveaux kilomètres avalés en jeep, c'est déjà l'heure d'un autre stop : "le marché artisanal" !


Dans l'unique rue étonnamment surpeuplée d'un village désert (sans mauvais jeu de mots... ou avec, je ne sais plus), des dizaines d'étals vendant tous les mêmes produits offrent des tarifs assez alléchants à qui souhaite s'équiper de pulls en alpaga avant de partir affronter les fraîcheurs des nuits du Salar. Quelques négociations assez infructueuses plus tard et nous repartons, avec cette fois-ci, un horizon vide de toute richesse foncière devant nous.


Quelle folle sensation !


Lorsque la piste tracée dans le sol blanc du Salar par les pneus des jeeps nous offre soudainement une étendue plane aux limites indiscernables à l'oeil, nous expérimentons un sentiment nouveau, certainement semblable à celui des marins, qui perdent tout bonnement tous leur repères visuels, immergés dans une immensité monochrome impressionnante.


Nous nous arrêtons plusieurs fois pour profiter de ce spectacle incroyable, foulant ce sol de sel strié d'infinies vagues immobiles formés par le vent. Parfois, à l'horizon, un volcan apparaît, comme flottant au dessus d'une couche de brume. Puis une autre petite montagne surgit, dominant cette blancheur de sa terre brune, comme une île au milieu de l'océan. Une autre fois, c'est une sculpture en sel du logo du Dakar qui se présente à nous, vestige encore récent des précédentes éditions qui se déroulaient dans ce décor dément.


Ronald, notre chauffeur / guide / cuisinier, nous emmène sans erreur à travers la multitude de traces de pneus qui se présentent à nous, nous livrant quelques infos sur ce que nous entoure (donc sur rien vous allez me dire, mais non, mauvaises langues, même sur rien il y a des choses à dire).


Nous arrivons quelques minutes avant le coucher du soleil au pied du volcan Tunupa, à la limite Nord du Salar, juste à temps pour admirer les couleurs irréelles des reflets du soleil sur la "laguna sagrada" qui se trouve à ses pieds. Du bleu, du jaune, de l'orange, du gris, du rose, jusqu'au noir profond de la nuit qui s'abat soudainement. Réfugiés dans un hôtel de sel rudimentaire, seuls les plus courageux en sortiront brièvement pour aller observer un ciel d'étoiles à la netteté impressionnante.


Le lendemain matin, nous nous infligeons volontairement et sadiquement un réveil à 4 heures pour nous lancer dans la conquête du cratère du volcan Tunupa dont nous sommes au pied, et aller profiter du lever de soleil avec une vue imprenable sur le Salar. L'expérience sera vécue différemment selon ses participants, l'ascencion de plus de 3 heures au dessus des 4000m d'altitude relevant d'un effort assez intense, mais le plaisir de s'asseoir plus d'une heure devant un panorama grandiose en sera le juge de paix. Plus aucune activité depuis longtemps pour ce volcan à la terre orange, dominant l'océan blanc du Salar de ses pics enneigés à plus de 5500m d'altitude.


La descente nous casse bien les pattes et les articulations, et c'est bien fatigués que nous suivons Nicolas (encore un ?!?!), notre guide, de 71 ans, sans dents, du jour, jusqu'à une grotte où 7 momies datant de plus de 1000 ans ont été retrouvées. On aimerait vous en dire plus à leur sujet, mais on n'a absolument rien compris des explications. Visiblement, les dents, ça ne sert pas qu'à manger !


Nous avons déjà plus de 5 heures de randonnée au compteur quand nous retournons déjeuner dans l'hôtel de sel au pied du volcan, mais le repos n'est pas au programme de cette journée, puisque nous repartons aussitôt après dans l'immensité du Salar, pour aller y visiter l'Isla Incahuasi. Cette petite île de terre abrite une "colonie" de plusieurs centaines de cactus géants, et quelques lapins que nous n'aurons malheureusement pas la chance de voir.


Nous finissons l'après-midi par la traditionnelle session de photos "perspectives", passage incontournable pour tous les visiteurs du Salar. L'absence de relief à l'horizon et l'immensité blanche et plate de cet océan de sel permettent un jeu infini d'illusions. Il est enfin temps d'inviter nos amis mammouth et dinosaure à nous rejoindre. Et nous voilà tour à tour petits ou immenses, sortant d'une canette de bière et y re-rentrant, fuyant l'attaque d'un dinosaure ou combattant à dos de mammouth. Un exercice qui se révélera tout aussi plaisant qu'il était agréable à imaginer.


Mais le soleil se couche bientôt sur le Salar et nous devons déjà repartir après "seulement" quelques centaines de clichés !


La fin de cette deuxième journée sonne le glas de notre expérience dans le Salar d'Uyuni, que nous quittons non sans une certaine tristesse, pour partir à la découverte de la province du Sud Lipez.


C'est dans cette région frontalière avec le Chili, principalement désertique, que nous passons nos deux prochains jours. Située à des altitudes oscillant entre 4000m et 5000m, nous y découvrons des paysages tout aussi incroyables que ceux du Salar.


Le premier d'entre eux est l'observation "à distance" (à savoir plusieurs dizaines de kilomètres) d'un volcan en activité crachant un épais nuage de fumée noir.


Puis nous croisons l'Arbol de Piedra, ou arbre de pierre, étrange sculpture de roche en forme d'entonnoir, autour de laquelle nous avons le plaisir de rencontrer quelques "zorros", sorte de petits renards du désert. Leur présence n'a malheureusement rien à voir avec le hasard puisqu'ils sont régulièrement nourris par les touristes qui s'arrêtent ici, au détriment de leur instinct naturel de chasse qu'ils semblent avoir bien oublié... Espérons pour cette mère et ses deux petits qu'ils survivront sans avoir besoin de cette assistance indésirable.


Puis arrive enfin l'heure de gloire des lagunes. Si Uyuni est réputé pour son Salar, le Sud Lipez est célèbre pour les incroyables couleurs de ses lagunes. Vous en voulez des bleues ? Bien sûr, en voici. Des jaunes ? Pourquoi pas, en voilà. Des rouges ? Ben voyons, il suffit de demander ! Des bleues, rouges, oranges et blanches en même temps ? C'est cadeau !


Un spectacle incroyable défile devant nos yeux tout au long de la journée, enrichi d'encore plus de magie par la présence de milliers de flamants roses, qui pataugent gracieusement, s'envolent, s'enfuient parfois même, mais surtout se délectent d'un plancton qui se nourrit lui-même d'une algue rouge qui donne cette fameuse couleur à tout ce joli petit monde.

Incroyable, à plus de 4000m d'altitude !


En clôture de ce voyage, comme s'il fallait en rajouter encore, nous visitons à l'aube du quatrième jour le Sol de Manana, un réseau de geyzers de souffre qui crache un nuage de gaz particulièrement intense pendant les premières heures du jour. On ne vous décrira pas l'odeur qui s'en dégage, mais sachez que nous nous sommes plusieurs fois tous regardés et accusés dans la voiture, avant de réaliser qu'aucun de nous n'était à l'origine de ces turbulences odorantes.


Notre "trek" s'achève au poste de la douane bolivienne, juste après le désert Salvador Dali, où nous abandonnons nos amis belges et notre guide, pour passer la frontière et nous aventurer en terre chilienne dans le désert d'Atacama.


Il est enfin l'heure de dire au revoir à la Bolivie, qui aura su nous offrir à la fois un calme et un repos bien mérités à La Paz, Potosi et Sucre après nos folles aventures péruviennes, mais également 4 jours d'émerveillement intense et de surprises constantes pendant ce trek en terre inconnue.