Eh oui, vous commencez à nous cerner, on aime bien vous appâter avec des titres aguicheurs. (Non pas qu’on doute de votre lecture assidue de nos articles sans ça, hein !)


Après notre semaine calme, bien que citadine, au sein de la capitale, nous voici repartis sur la route pour une nouvelle étape à quelques 300 km plus au sud de Santiago. 


Pour comprendre le pourquoi de cette nouvelle étape, une petite parenthèse s’impose : En effet, quelques jours auparavant, nous avions reçu une réponse favorable d’une certaine Estefania nous invitant à passer une semaine de volontariat au sein de sa propriété, un camping en pleine nature au bord du Lago Colbun.


Refroidis par notre première expérience (cf chroniques précédentes) de volontariat, nous avons évidemment bien vérifié que tout avait l’air cadré avant de nous y rendre et nous voilà donc en route pour Talca puis la petite bourgade au nom prometteur d’El Colorado, où vient nous récupérer la très aimable Estefania qui nous demande de l’appeler Maria (on est ouverts nous, pas de soucis !).


Nous sommes immédiatement noyés dans un tourbillon de nouvelles personnes qui vivent / travaillent chez Maria et sommes tout de suite invités à partager le déjeuner avec eux. C’est la première fois que nous sommes réellement à la table de plusieurs chiliens qui parlent tous en même temps, avec des accents plus ou moins prononcés, de références plus ou moins partagées (par nous) et nos premiers pas dans cette nouvelle expérience de volontariat sont assez comparables à ceux d’un veau tout juste né. Ajoutez à cela le fait que tout le monde semble appeler Maria « Fernanda » et vous comprendrez bien que nous sommes légèrement perdus.


La répartition des tâches se fait assez facilement, l’homme se retrouve assigné aux travaux de soudure / pelletage et pose de tôle dans la remise en construction à l’arrière de la maison principale et la femme préposée au ménage, jardinage et éventuelle préparation de repas. Je tais ma surprise, même si je suis sûre que la dernière fois que j’avais regardé, on était bien en 2019. Tant pis pour eux, ils n’auront pas le privilège de goûter aux excellentes crêpes de Nico, ni de profiter de mes talents incontestables quoi qu’inexplorés de pose de ciment. 


Nous voilà donc embarqués dans les joyeuses activités qui rythmeront nos journées dans ce très beau domaine : travaux d’un côté, construction d’une piscine de l’autre, récolte des œufs directement au cul de la poule (passez-moi l’expression), ménage, déménagement des affaires des propriétaires (Estefania/Maria/Fernanda et Arturo) d’une maison à l’autre, sauvetage de plantes, le tout, entrecoupé de jeux avec Hulk et Maia les deux bergers allemands de la maison et de repas avec toute la bande. En plus de Maria et Arturo, travaillent également ici José et Jessie, José number 2 et plusieurs joyeux lurons qui vont et viennent au gré des besoins sur le camping. 


Nous avons la chance de pouvoir profiter d’une maison à nous de l’autre côté du terrain, nous offrant une vue imprenable sur la lagune Colbun et les montagnes qui l’entourent. Nous y sommes escortés nuit et jour par Hulk que nous quitterons à grands regrets au terme de cette semaine de volontariat.


Cette expérience est aussi l’occasion pour nous d’apprendre l’espagnol « en immersion », doux euphémisme pour « à la dure ». Passé le brouillard des premières minutes, nous commençons à comprendre les différents accents de chacun ainsi que le vocabulaire qui va nous être utile pour cette semaine de travaux. Testez-nous, nous sommes devenus incollables dans les champs lexicaux de la construction de remise ou de l’arrosage de plantes et ça, on sait tous que ça va nous être précieux ! Plus sérieusement, Maria a vécu aux Etats-Unis dans sa jeunesse, elle parle très bien anglais et nous est d’une grande aide pour apprendre à mieux parler espagnol au cours de cette semaine intensive. 


Nous profitons de notre dernier jour pour emprunter deux vélos, plus âgés que nous deux réunis, pour aller nous balader le long du lac puis du Rio Maule, y pique-niquer et profiter du soleil. À ce moment précis, s’est vraiment posée la question de savoir si les vapeurs de canabis de notre précédent woofing avaient bien quitté notre sang car nous avons senti le sol sous nos fesses en train de bouger. Pendant quelques longues secondes tout autour de nous a légèrement tremblé.


Heureusement, nous étions au bord de la rivière avec aucun risque que quoi que ce soit nous tombe dessus, mais, on nous avait prévenu, au Chili, absolument tout est conçu pour résister aux tremblements de terre : et pour cause, il y en a plusieurs qui se produisent tous les jours, de magnitude plus ou moins forte, la majorité n’étant même pas perceptible. Celui que nous avons senti était de magnitude 6.7 sur l’échelle de Richter (qui va jusqu’à 10 ; le plus gros jamais enregistré s’étant d’ailleurs produit au Chili avec une magnitude de 9.9, on vous laisse imaginer).


Cette grande première fois a donc clôturé notre première véritable semaine de volontariat, qui nous a ravis et nous permet d’en sortir un peu plus confiants en espagnol, en « cueillette » d’œufs et en construction de rampe en ciment.