Arrivée très matinale à Arequipa, ville blanche qui subit depuis plusieurs jours de nombreuses violences en réaction au projet d’ouverture d’une mine dans la région.


Notre arrivée se fait tout de même sans encombres, même si l’ambiance est particulière : de nombreux policiers sont postés aux quatre coins de la place centrale et semblent attendre on ne sait quoi. On vous rassure, à 6h du matin nous avons tout le loisir de découvrir les merveilleuses petites rues et façades coloniales blanches et bien conservées de la ville sans être «dérangés» par les casseurs. Nous sommes plutôt dérangés par l’absence de cafés ouverts à cette heure matinale, si vous voyez ce qu’on veut dire.


Nous l’apprendrons plus tard, mais des discussions ont lieu entre les manifestants et le gouvernement ce jour-là et le lendemain, ce qui explique que notre séjour à Arequipa se déroule de manière beaucoup plus pacifique que prévue. 

Nous découvrons le couvent Santa Teresa, tout de bleu et orange vêtu, mini village dans le village qui fait honneur à sa réputation.


A peine arrivés, nous devons déjà partir dès le lendemain matin pour nous rendre au Canyon de Colca, notre ultime étape au Pérou.


La vue à notre arrivée là-bas, au coucher de soleil, vaut son pesant de manis (espagnol de cacahuètes ; un des premiers mots appris en arrivant sur le continent sud américain) : de là où nous sommes, nous ne pouvons qu’imaginer le fond de celui que nous parcourrons dès le lendemain et qui atteint, au maximum, 3400 mètres de profondeur (il a longtemps été considéré comme le plus profond du monde, jusqu’à que quelqu’un mesure le canyon voisin de Cotahuasi) !


L’exploration de ce géant démarre par une bonne demie-journée de descente (1000 mètres de dénivelé négatif, pour les intimes).


Le paysage qui nous entoure nous coupe le souffle : des kilomètres de falaises grises, blanches, jaunes convergeant toutes vers le fond : le Rio de Colca que nous apercevons enfin, que nous traversons même, pour atteindre l’autre versant. 


Encore quelques heures à crapahuter et nous atteindrons la cerise sur le gâteau, une petite pépite à laquelle nous ne nous attendions pas (ou assez peu) : l’oasis de Sangalle, dans laquelle nous allons passer la nuit mais surtout dans laquelle nous pouvons nous baigner, entourés de toute l’immensité du canyon. Moment magique qui nous fait du bien après cette bonne journée de marche.


Qui dit 1000m de dénivelé négatif pour atteindre ce petit paradis loin de tout, dit l’équivalent en positif pour retrouver la civilisation... 


C’est ce qui nous attend dès 5h le lendemain matin, en espérant être en haut à 8h pour des questions d’organisation (dernier bus pour notre prochaine destination à 9h en haut, les péruviens aiment nous mettre des challenges). 


S’ensuivent alors les 2h36 les deuxièmes plus difficiles (après les 2h36 du 10 mars dernier) de l’année (j’écrirais bien « de nos vies » mais on me souffle dans l’oreillette que c’est exagéré).


Nous grimpons d’abord relativement facilement (à la lumière de la frontale exclusivement, tout de même) puis avant même le temps de dire ouf, le chemin devient une espèce de piste tracée dans un éboulement récent et massif (là encore, on me souffle dans l’oreillette que c’est abusé, mais l’important c’est le RESSENTI) rendant nos pas plus difficiles les uns que les autres. Des arrieros (chauffeurs de mules) nous proposent régulièrement de nous porter jusqu’au sommet, mais :

1/ nous sommes plus têtus que les animaux qui les accompagnent et tenons à finir ce calvaire sur nos deux pieds et

2/ la tête de ceux qui ont cédé à la facilité et sont bringuebalés sur le dos des mules à flanc de falaise, dans la roche plus qu’instable qui constitue notre chemin de croix, ne nous incite pas du tout à accepter leurs propositions. 


L’arrivée en haut sera notre deuxième petit miracle de ces deux jours et nous ne sommes pas peu fiers de ce défi relevé haut la main (avec moults râlements de certain(e)s, on ne vous le cache pas). Le point d’orgue de cette matinée sera atteint quand, une fois sur la route, nous aurons même la chance d’apercevoir quelques condors planant au dessus du canyon. Cette espèce de rapace se fait de plus en plus rare et il faut avoir de la chance pour en apercevoir et plusieurs qui plus est !


Mais le voyage continue et nous voilà de nouveau partis pour un bus, un deuxième et de nouvelles aventures en perspective !