Rio de Janeiro, épilogue au soleil (ou presque...)


A nous le Brésil.


Enfin... Rio plutôt.

Mais Rio... de Janeiro !


Ses grandes plages de sable fin, sa végétation tropicale luxuriante qui plonge dans l'océan, ses caïpirinhas, ses eaux turquoises, son ciel bleu immaculé, son soleil brillant qui donne "la même couleur aux gens"...


La carte postale qu’on s’imagine pour nos derniers jours de voyage est simple, efficace, et sacrément sexy. Elle est accompagnée d'un planning tout aussi simple : nous faire bronzer sur les plages de Copacabana, d’Ipanema ou encore de Leblon, et si on trouve un peu de temps libre dans cette activité prenante, visiter un peu la ville et ses alentours.


Alors oui, on parle bien du programme de la fin d’un voyage de 6 mois, dont nous venons d’en passer un peu plus de 5 à traverser un continent du Nord au Sud, à découvrir des cultures tellement différentes de la nôtre, à observer des paysages naturels incroyables, d’une beauté et d’une dimension rare... Et malgré cela, on s’est quand même dit que ça nous ferait du bien de profiter de nos deux dernières semaines pour se la couler douce au soleil avant de rentrer (bronzés !) en France et de retrouver le climat hivernal parisien (dont la réputation n’est malheureusement plus à faire) et les grèves nationales qui paralysent tout (dont la réputation mondiale n'est plus à faire non plus).


Si tout a très bien commencé à Iguaçu pour notre première journée sur le sol brésilien, avec un magnifique soleil qui nous a permis de profiter des couleurs étincelantes de la jungle tropicale, c’est malheureusement un gros paquet de nuages qui nous accueille à notre arrivée à Rio.


En même temps, il fallait bien que ça nous tombe dessus un jour. 5 mois et demi d’un temps incroyablement clément, et dont le cumul de pluie ne se compte même pas en jours, mais seulement en heures, à un moment, ça se paye ! On pensait logiquement "prendre tempête" (sans mauvais jeu de mots) dès notre retour à Paris, mais finalement ça sera plus tôt que ça...


Mais pas de quoi se plaindre non plus, déjà parce qu’on est à Rio, hein, mais surtout parce que même si le temps est couvert et que la pluie menace, il fait un bon 25 degrés par ici :)


Le temps de traverser la ville depuis l’aéroport pour rejoindre le quartier de Leme, situé a l’extrémité Est de la plage de Copacabana, et nous comprenons rapidement que la circulation à Rio, c’est quelque chose ! On échappera heureusement aux pires histoires que l’on nous a racontées encore il y a peu, et qui font état de plusieurs heures passées bloqués dans des embouteillages sur les "voies rapides" de la ville. On imagine sans peine cette situation, tant le trafic semble compliqué à toute heure.


Nous arrivons finalement sans trop d'encombres ni de retard à Leme, au pied de la favela pacifiée (c'est-à-dire que ses rues ont été débarrassées de la drogue et de la violence qui l'accompagne, le tout garanti par une police postée à toute heure du jour et de la nuit à l'entrée de la favela) Babilônia, au sein de laquelle une auberge nous accueille pour 3 nuits. Si la sécurité n'est plus un problème ici, avec une ambiance très calme et agréable comme nous le constatons à notre arrivée, ce qui en est un, c'est la pente !! Perchée sur une des nombreuses "montagnes" de la ville, il faut compter un bon quart d'heure d'un dénivelé que nous n'avions plus connu depuis la Patagonie pour rejoindre le logement.


A peine arrivés, nous laissons nos sacs à l'auberge et redescendons immédiatement de notre montagne (ce qui nous prend beaucoup, beaucoup, beaucoup moins de temps), et profitons de la dernière éclaircie de fin de journée pour nous jeter à l'eau ! Ah, enfin, le doux rêve de se retrouver à Copacabana et de se baigner en admirant la vue imprenable sur le Corcovado, les immeubles de la ville et ces incroyables collines verdoyantes.


La baignade ne s'éternise pas pour autant, l'eau étant à un degré finalement assez froid et inattendu pour un sudiste comme Nico, et l'intensité des rouleaux qui déferlent sur la plage ne proposant à son public qu'une possibilité assez sportive de trempette. Mais le spectacle est incroyable, et les conditions rajoutent une petite touche de magie.


Une petite caïpirinha plus tard et le soleil se couche déjà, offrant une nouvelle animation sur la promenade de Copacabana, où les centaines de kiosques qui bordent la plage commencent à tourner à plein régime, tout comme les petits stands éphémères de vendeurs de "tout", tenus pour la plupart par les habitants des favelas voisines, et offrant aux plus curieux une myriade de souvenirs incroyables, dont les fameuses serviettes de plage restent les objets phares (mais les bananes zébrées aussi !). L'ambiance est très agréable, et la douceur printanière de ce petit bout de paradis pousse les brésiliens comme les touristes à de longues balades le long du bord de mer.


Nous passerons trois nuits dans cette petite favela pacifiée Babilônia, descendant chaque jour de notre Corcovado à nous pour aller nous promener dans les quartiers environnants. Le temps reste très capricieux et notre programme de visites est quelque peu contrarié par les éléments, mais nous acceptons ces conditions avec philosophie et avec la sérénité de ceux qui ont déjà derrière eux des mois entiers de folles aventures.


Depuis notre arrivée dans la ville, nous entendons résonner de part et d'autres les bruits de pétards, et notamment autour de notre auberge. L'hôtesse nous explique très gentiment que les Brésiliens ne sont pas en reste question enthousiasme footballistique... Et pour cause, leur équipe, Flamengo, est qualifiée en finale de la Copa Libertadores, l'équivalent sud-américain de notre chère Ligue des Champions. Cette qualification, une première depuis les années 80, devient donc l'événement de la ville pour les prochains jours. Le Christ Rédempteur a même été revêtu du maillot noir et rouge pour l'occasion. Comme nous sommes des petits malins, nous avons réussi à acheter deux places pour assister à la diffusion du match, en direct sur écran géant ... au Maracana, rien que ça. Ce stade mythique, qui fut longtemps le plus grand du monde (200.000 places dans des conditions de sécurité déplorables), est une référence pour la majorité des passionnés de foot.


Les Cariocas n'ont rien à envier à leur voisins Argentins en termes de passion pour le ballon rond, l'ambiance est survoltée deux heures avant le match, les gradins ouverts au public (une partie du stade est fermée) se remplissent et la quasi totalité des spectateurs arbore le maillot local. Nico, fidèle a sa réputation, a craqué quelques minutes avant notre entrée dans le stade et arboré fièrement son 6ème maillot du continent. Le match est relativement tendu, l'équipe Carioca étant menée 1-0 par Riverplate jusqu'à la 90 ème minute de jeu, les prières affluent... jusqu'à l'égalisation de Flamengo provoquant un tremblement de terre dans les tribunes, une déferlante de cris de joie parmi les supporters. La folie embrasera complètement le stade quelques minutes plus tard lors du deuxième but marqué par les Rouges et Noirs. Tout le monde se prend dans les bras, l'émotion est à son comble, les larmes coulent, le son de la victoire ne s'arrêtera que tard dans la nuit, la ville s'étant embrasée de joie. Une expérience unique, que nous ne sommes pas prêts d'oublier.


A peine remis de nos émotions mais dans l'objectif de profiter au maximum de nos deux dernières semaines de voyage, nous décidons d'une petite escapade de quelques jours au sud de Rio, à Paraty et Ilha Grande, une petite ville côtière au charme colonial, et une île aux plages paradisiaques. Si nous manquons de peu de rater notre bus, à cause des nombreux bus imaginaires que nous n'aurons jamais vus passer même après plusieurs heures d'attente au bon arrêt, nous réussissons quand même au prix d'un sprint mémorable à travers la plus grande gare routière de la ville à attraper le bon bus, qui, fidèle à la réputation d'un continent tout entier, a de nombreuses minutes de retard au compteur. La scène n'est pas sans rappeler Les 12 travaux d'Asterix, et son fameux formulaire 38a, mais rire en courant complique la tâche.


Nous passons 2 jours entiers dans la charmante petite ville de Paraty, où ici aussi la météo nous confronte à tous les temps. Mais nous sommes conquis par le charme de cette petite ville pavée, au centre historique entièrement piéton, ses portes vernis de toutes les couleurs et de son bord de mer où des milliers de petites barques de toutes les couleurs côtoient les grands voiliers de tourisme qui emmènent chaque jour des centaines de touristes sur les îles voisines.


Mais le sort s'abat une nouvelle fois sur nous. Après les terribles épisodes de tourista de début de voyage, qui semblent bien loin derrière nous maintenant, nous sommes tour à tour terrassés par une maladie inconnue, au croisement entre angine, grippe, et corona-virus (ok, ok, on a écrit cet article vraiment très tardivement, mais on était des précurseurs à l'époque !!!).


Si nous tentons quand même quelques sorties, dont une assez aventureuse jusqu'à une piscine naturelle à laquelle ne mène qu'un seul petit sentier qui se dessine dangereusement en bord de falaise, nous sommes contraints de passer plusieurs après-midis et soirées au lit, à attendre que la fièvre nous laisse quelques minutes de repos pour nous endormir.


Notre séjour à Ilha Grande restera anecdotique, tant par sa durée (1 seule journée sur place), que par son programme (lit, lit, lit, lit, lit), et bien évidemment... par sa météo (pluie, pluie, pluie, pluie torrentielle).


Nous retournons à moitié guéris sur Rio (c'est à dire que Clara est complètement guérie, et Nico a environ 7000 degrés de fièvre, précurseurs, on a dit), pour y passer les 3 premières journées en confinement total (ok, ok, on arrête les références, promis).


La fin de ce formidable voyage se profile, et il ne nous reste plus que quelques jours sur Rio pour enfin profiter de ses attractions phares, qui heureusement pour nous, ne se comptent pas non plus en centaines.


La maladie laisse heureusement un peu de répit à Nico et nous filons visiter le célèbre Pao de Azucar (aka Pain de sucre), ce rocher chauve si symbolique de Rio, qui se dresse majestueusement à l'entrée de l'immense baie de la ville, et dont le sommet n'est accessible que par le biais d'un téléphérique, certes assez onéreux, mais qui offre un spectacle grisant. La vue à 360 degrés sur la ville, ses plages et l'océan est magnifique, et l'aménagement d'un petit sentier en bord de rocher nous offre même l'opportunité de croiser toute une famille de petits singes, qui s'avèrent n'être même pas du coin, puisque ce sont des hommes qui les ont d'abord ramené dans la ville, avant de voir leur nombre y exploser ces dernières années.


Le centre-ville nous offre beaucoup moins d'émerveillement, mais nous y trouvons tout de même quelques lieux d'intérêt, tel que le Cabinet royal portugais de lecture, une pièce aux murs hauts d'une bonne dizaine de mètres, et uniquement composé d'étagères accueillant des millions d'ouvrages vieux de plusieurs centaines d'années. La cathédrale de la ville, située non loin, nous intrigue encore plus. Construite sur le modèle d'une pyramide précolombienne, sa texture extérieure de béton apparent ne nous conquit que moyennement, et son intérieur ne rattrape guère le tout, avec sa grande verrière en forme de croix ornant le plafond.


Mais à côté de ces quelques lieux touristiques, c'est une ambiance bien plus glauque qui règne dans certains quartiers du centre. Très peu de personnes marchent à travers la ville et la plupart des touristes ne se déplacent qu'en taxi d'un lieu de visite à l'autre. En tant que français, nous arpentons tout à pied et croisons sur notre chemin un grand nombre de personnes vivant dans la rue, squattant les pelouses de grandes places vides. Ce qui semble ne pas être le cas dans les quartiers de Copacabana, Leblon, Botafogo ou Ipanema que nous avons largement arpentés lors de nos premiers jours sur place, est particulièrement frappant dans le Centre, aux abord des escaliers Selaron, fameux escaliers de toutes les couleurs, pris d'assaut par des foules de touristes.

Le quartier Santa Teresa, accessible à partir du sommet de ces escaliers, sommet que bizarrement peu de touristes semblent prêts à atteindre, paraît échapper à cette ambiance étrange.


Nous approchons de la fin du voyage et cela commence à se sentir. Nous profitons de ce que la ville a à nous offrir et il était inenvisageable que nous partions avant d'être montés au pied de la deuxième des Sept Merveilles du Monde moderne qu'il nous ait été donné de contempler durant ce voyage : le fameux Christ Rédempteur qui surplombe le Corcovado. Nous l'avions aperçu sous ses multiples facettes depuis les quatre coins de la ville, mais attendions le moment opportun pour y monter, notamment un temps plus dégagé pour profiter du panorama exceptionnel qu'il offre sur toute la baie de Rio.

Nous profitons d'un jour un peu moins brumeux que les autres pour prendre le fameux train qui conduit les visiteurs à travers la forêt jusqu'aux pieds de l'imposante statue de 38m qui domine la ville.

Nous ne sommes pas déçus, tant du Christ lui-même (si je m'attendais à dire une telle phrase un jour !) et de sa stature imposante, le rendant compliqué à photographier dans son ensemble, que du panorama au coucher de soleil (autour de 18h toute l'année, ici) sur toute la baie (splendide). Le spectacle des postures et contorsions de la centaine de touristes venus prendre leur selfie en compagnie de la statue ne manque pas d'ajouter du divertissement au spectacle que nous sommes en train de vivre.


Nos derniers jours sur place sont à la fois l'occasion de trouver les derniers souvenirs que nous voulions, et de visiter d'autres endroits moins touristiques, tels que le jardin botanique de Rio ou le lac Rodrigo de Freitas, d'enfin tester l'Academia de Cachaça et de profiter une dernière fois de la plage.


Il est l'heure pour nous de rentrer après toutes ces aventures inoubliables, nous sommes à la fois heureux du voyage, contents de retrouver nos familles et amis, et curieux de voir ce que les prochaines semaines en terre parisienne nous réservent (et à ce moment là nous étions loin, bien loin, très loin de nous imaginer les événements de 2020).