Que peut-on demander de plus à un pays qui nous a déjà offert une variété de paysages et de saisons incroyable, depuis l'humidité tropicale de sa jungle, la fraîcheur de ses montagnes, la chaleur de ses plages caribéennes jusqu'au printemps éternel de Medellin ?


Hmmm...

A part un petit désert, je vois pas...


Mais bon, il faut être raisonnable, on ne peut pas tout avoir non plus !


Et bien visiblement en Colombie, si.


Ici, il semble qu'il y en ait pour tous les goûts.


Pendant que nos potos Jeanne et Amaury partent en quête des baleines sur la côte Pacifique (oui oui, on vous a dit que tout était possible ici), nous nous dirigeons vers le Desierto de Tatacoa, un peu plus au sud, qui offre à ses visiteurs non pas un, mais deux types de désert ! Mais bien sûr ! Toujours plus !


Au programme, un premier désert tout rouge, sobrement appelé le désert rouge, et un autre, tout gris, appelé... bon ok, vous avez compris. Et le tout en l'espace de quelques kilomètres seulement.


Décidément, il y en a vraiment pour tous les goûts ici.


Nous arrivons sur place à l'aube, grâce à un combo magique de 2 bus, 1 collectivo et 1 tuc-tuc, que nous avons logiquement renommé "le combo nuit blanche". Un petit café plus tard, nous partons à la découverte du désert rouge, dans lequel une boucle de quelques kilomètres nous attend.


Il est 7 heures ici, mais il commence déjà à faire un bon 30 degrés ressentis. Seuls quelques nuages nous protègent encore de la promesse d'un barbecue géant.


À peine partis de notre hostel, nous sommes rejoints sur la route par Miguel (le troisième du nom), un joli chien blanc et noir au regard quelque peu vide mais très affectueux et presque suicidairement fidèle.


Quelques secondes plus tard, nous voilà soudain 4, grâce à l'arrivée de Carmen (seulement la deuxième du nom), une chienne au pelage camouflage, un peu timide, car sûrement habituée à des comportements machistes à son égard, mais clairement plus débrouillarde et endurante que son compagnon du jour.


Au moment de nous embarquer sur le sentier balisé qui s'en va sur des terres rouges et craquelées par la sécheresse, bordées uniquement de cactus, nous interrogeons Miguel et Carmen sur leur volonté de nous suivre dans cette entreprise à l'issue de laquelle aucune récompense mangeable ou buvable ne nous attend. Si nous n'attendons de Miguel aucun réflexe intelligent de survie, Carmen n'hésite pas non plus une seconde et emboîte nos pas pour aller affronter l'enfer rouge.


1h plus tard, après avoir emprunté de nombreux canyons somptueux, après avoir croisés quelques arbres en PLS, et un nombre incalculable de cactus en état de forme plus ou moins bon, mais finalement peu d'êtres encore "vraiment" vivants, nous commençons à nous demander si nous ne nous sommes pas aventurés un peu trop loin en dehors du sentier.


Miguel fait une pause systématique dès qu'il croise la moindre brin d'ombre, et Carmen, jusqu'ici bien plus téméraire et galopante, l'imite volontiers. Il est 9h, les nuages sont partis, et le soleil n'est plus l'astre bienveillant qui nous fournit une vitamine D vitale, mais au contraire la promesse très prochaine de l'évaporation totale des 80% d'eau qui composent notre corps.


Ce constat rapidement fait, nous retrouvons notre lucidité et notre sens de l'orientation et rejoignons en quelques minutes la route où nous attendent nombre de petits commerces aux jus de fruits désaltérants. Il est 9h30, la température avoisine les 40 degrés et seuls les glaçons de nos boissons offrent à Miguel et Carmen l'espoir d'une maigre mais nécessaire ré-hydratation.


Le temps de dire au revoir à nos compagnons d'infortune du jour, à qui nous avons sauvé la vie après les avoir involontairement mené tout droit vers la mort, et à qui l'accès à notre hostel est interdit, et nous passons les 5 prochaines heures à l'abri du soleil, immobiles dans des hamacs, comme 99% des âmes vivantes du coin (humains, chiens, chats et autres moustiques).


Nous tentons finalement une balade en direction du désert gris en fin d'après-midi, une fois la température redescendue, mais le temps nous manque pour l'atteindre.


Sur le chemin, nous tentons inutilement et vainement de venir en aide à une petite biquette apeurée, attachée à une corde emmêlée autour un cactus par une âme sans pitié. Peu désireux d'attirer les foudres d'un berger local, nous la laissons à un sort un peu plus heureux après avoir dénoué et rattaché sa corde.

La balade du lendemain nous rassurera sur son sort, puisque nous ne retrouverons pas son corps dévoré par les vautours sur notre chemin.


Outre ses paysages dignes des plus grands westerns, El Desierto de Tatacoa est aussi un lieu très convoité par les admirateurs d'étoiles et de stargazing.


Le soir venu, plusieurs observatoires proposent de venir observer le ciel et ses astres brillants. Au programme, la pâleur orangée de Jupiter, les anneaux de Saturne, un gros plan aussi précis que Google Maps sur la Lune, et 1h de cours magistraux sur l'astronomie par le savant fou local.


Tout ce qu'il faut pour aller s'endormir quelques minutes plus tard, des étoiles plein les yeux (désolé pour celle-là...).


Le lendemain matin, nous passons une bon moment à la piscine artificielle installée en plein désert gris, à défaut d'avoir pu nous lever plus tôt pour l'arpenter. Il est déjà l'heure de rentrer jusqu'à notre hostel, entassés (à 3) sur une moto, pour préparer notre départ et notre retour à Bogotà.